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II Les pionniers de la photographie


1) Les précurseurs


La naissance de la photographie, au début du XIX ème siècle est permise par la rencontre de deux domaines du savoir : l’un d’ordre physique (l’optique), l’autre d’ordre chimique.


Notre camera obscura

Pour mieux nous imaginer à quoi avaient pu ressembler les essais des pionniers de la photographie, nous avons nous aussi voulu fabriquer une « camera obscura ». Voici le protocole que nous avons suivi :

1) La boîte en carton

Nous avions d’abord envisagé de fabriquer une camera obscura en bois, puis avons été rebutés par les difficultés que cela pouvait représenter. Nous venions de réfléchir à la meilleure manière de nous y prendre, un mardi soir, quand nous nous sommes rendu compte que nous avions beaucoup de cartons à portée de main après la vente de chocolats Stoffel pour financer notre voyage en Sicile. Nous nous sommes donc décidés : notre camera obscura serait en carton.

Pour être utilisable, notre camera obscura devait être composée de deux parties qui pourraient coulisser l’une dans l’autre afin de nous permettre de régler la distance entre la lentille et l’écran en fonction de l’éloignement de l’objet à photographier.

Nous avions déjà eu entre les mains une sorte de camera obscura coulissante qui avait été conçue pour montrer aux élèves comment faire la mise au point sur un objet plus ou moins éloigné, mais cet appareil-là était trop petit pour que nous puissions y mettre des plaques en verre de format 10 x 15 cm et n’était pas fait pour être étanche à la lumière.

Il nous a donc fallu résoudre plusieurs problèmes : notre appareil devait d’abord être assez grand pour contenir une plaque en verre et surtout être parfaitement étanche à la lumière.

De plus, nous devions pouvoir faire la mise au point sur l’objet à photographier et donc avoir accès à l’écran en papier calque avant de placer une surface sensible qui ne devait cette fois-ci recevoir aucune lumière par l’arrière la boîte. La face arrière de la seconde boîte est donc mobile : on l’enlève pour faire la mise au point et on la remet pour protéger notre surface sensible. Nous ne pouvions donc pas scotcher cette face-ci, ce qui rendait notre boîte perméable à la lumière. C’est ce qui nous a donné l’idée de fabriquer une troisième boîte, plus grande, qui pourrait contenir les deux autres.

Ainsi, les dimensions de la première boîte, « l’œil », ont été calculées pour que celle-ci puisse s’emboîter dans la seconde boîte (qui contient l’écran ou la surface photosensible). Une fois ces deux boîtes imbriquées, elles viennent se glisser dans le grand cache qui garantit l’étanchéité à la lumière.

* La réalisation du plan :

Nous avons dessiné un plan en prévoyant des longueurs qui nous semblaient convenir.

* Le tracé :

Il a fallu ensuite tracer nos patrons sur les morceaux de carton, puis les découper au cutter.

  

Nous avons peint en noir l'intérieur de nos boîtes pour que la lumière ne puisse pas se réfléchir sur les bords

  

Puis nous avons assemblé nos boîtes grâce aux languettes prévues mais surtout en renforçant les arrêtes avec du gros scotch noir pour empêcher la lumière de pénétrer dans notre boîtes aux jointures : il a donc fallu sacrifier l’esthétique au pratique !

  

2) Le passe-vue

Il nous a fallu réfléchir à la façon dont serait fixé l’écran ou la surface sensible. En effet, nous voulions pouvoir utiliser notre camera obscura avec du papier calque pour faire la mise au point, du papier photo-sensible industriel, notre propre papier-photo artisanal et des plaques en verre sensibilisées « à l’ancienne ».

Nous avons donc eu l’idée de construire ce que nous avons appelé un « passe-vue » en carton : deux « U » en carton, fixés à l’aide de languettes dans notre boîte, se font face . Dans l’espace qui les sépare, il est très facile de glisser aussi bien une feuille de papier qu’une plaque en verre.

Nous avons estimé la distance focale de notre lentille à environ trente centimètres et avons placé notre passe-vue de manière à ce que nos réglages puissent être optimisés : en le mettant au milieu de la seconde boîte, nous pouvions faire varier la distance entre la lentille et l’écran entre 14 et 44 cm.

3) La fixation de la lentille

Notre professeur de physique nous a prêté une lentille de 8 cm de diamètre, convexe, pour transformer notre boîte à chaussures géante en camera obscura digne de ce nom.

Devenus des habitués du bricolage du carton, nous avons résolu le problème de la fixation d’une lentille en verre convexe dans une boîte en carton rectangulaire : nous l’avons placée dans un morceau de carton de forme carrée percée d’un orifice de même taille que la lentille puis nous avons « pris en sandwich » cet assemblage entre deux morceaux de carton de forme carrée percés cette fois d’orifices circulaires moins grands que la lentille. Il était ensuite très facile de fixer les morceaux de carton, avec de la colle et du scotch.

4) Le diaphragme

Après quelques essais, nous nous sommes aperçu que seul le centre de nos photos était net. Tous les points de la lentille ne diffractent pas la lumière de la même façon et nous avons pu constater des aberrations géométriques assez importantes. Pour y remédier, nous avons donc fabriqué un diaphragme en carton d’un centimètre de diamètre environ que nous avons placé après la lentille. La lumière ne passe ainsi plus que par le centre de la lentille, et nos photos sont beaucoup plus nettes.


Photo du lycée prise sans diaphragme : seule la porte, au centre, est nette, tout le reste est flou.

Photo du lycée prise avec diaphragme : tout ce qui est sur la photo est net, même le lampadaire sur la droite et la jeune fille sur la gauche.

5)Le renforcement de notre camera obscura

Utilisée plus d’une cinquantaine de fois, notre invention a commencé à s’abîmer, nous avons donc dû renforcer les points sensibles avec du scotch. Il a aussi fallu réduire l’espace entre les différentes boîtes parce que le jeu qui existait entre elles ne permettait pas de conserver un réglage constant et rendait nos mesures imprécises.

Certaines traces de prise de mesure, des morceaux de scotch et des égratignures recouvrent aujourd’hui notre boîte, mais si cela nuit au côté esthétique, ces marques d’usures lui confèrent un certaine charme, un peu comme des blessures d’utilisation qui semblent prouver qu, perfectionnée et améliorée avec le temps, elle a servi de nombreuses fois aux apprentis-pionniers-photographes que nous sommes !

6) Nos Photos

Toute nos photos prise avec la camera obscura se trouvent dans les annexes.



2) Le XIXème siècle



a) Niepce (1765-1833)

Sa vie



Nicéphore Niepce est issu d’une famille bourgeoise, son père était conseiller du roi. Nicéphore avait deux frères et une sœur, tous reçurent une éducation bourgeoise. Claude l’aîné, se destinait à une carrière militaire alors que Bernard et Nicéphore penchaient vers une carrière religieuse.

En 1807, Claude et Nicéphore mirent au point un moteur à explosion, le pyrélophore. Ce moteur était avant tout destiné aux navires. Napoléon leur accorda un brevet valable 10 ans.

Le 21 novembre 1806, Napoléon avait signé un décret instaurant un blocus continental envers l’angleterre. Ce blocus interdisait aux navires anglais d’accoster dans un port européen. Durant cette période où l’indigo se faisait rare, les frères Niepce essayèrent de cultiver la fécule bleue, qui pouvait remplacer l’indigo. Cette fécule bleue se cultivait difficilement sous nos latitudes. Lorsque le blocus prit fin, le commerce des frères s'éffondra.

En 1816, Nicéphore commence ses recherches sur la capture des images de la camera obscura mais il se met parallèlement en quête de carrières de pierres calcaires propres à la lithographie dans la région de Chalon sur Saône, pour l’essor de la lithographie française. Ses recherches de pierres le ralentissent mais ne l’arrêtent pas. Il réussi en 1818 à obtenir une image qui est fixée pendant 3 mois, ce qui était un exploit pour l’époque.

1826, Niepce explique dans une lettre à son frère comment il réussit à prendre une photographie grâce à sa camera obscura et avec du bitume de judée. Dans cette lettre, il explique aussi comment obtenir un positif à partir du négatif en bitume de judée.

1828 il met au point un procédé positif efficace à partir de tirages au bitume de judée.

Nicéphore entretenait une correspondance avec Jacques Louis Mandé Daguerre depuis quelques années. En 1829, Niepce est ruiné, ses recherches dans le domaine de la fixation d’image lui ont coûté une fortune. C’est donc un Niepce ruiné qui s’associe avec Daguerre, l’expert en diorama.

En 1830, les deux associés tentent d’utiliser des produits qui auraient la capacité de se décolorer sous l’action de la lumière, malheureusement ils n’en trouvent aucun.

En juin 1832, Daguerre rend visite à Niepce chez lui, à St Loup de Varennes, et ensemble, ils découvrent que le résidu de la distillation de l’essence de lavande a des propriétés photosensibles; grâce à cette nouvelle substance, ils inventent le physautotype. Ce dernier était encore très lent, 8heures de pose…

Le 5 juillet 1833 Niepce décède brutalement sans qu’aucune de ses inventions n’aient été reconnues.


Ses découvertes

Le chlorure d'argent

C’est en 1816 que Niepce réussit à capturer une image au fond de sa chambre noire, malheureusement les sels d’argents utilisés sont encore réactifs après l’ouverture de la camera obscura. Toutes les images prises par Niepce à cette époque ont disparu. Les images qui apparaissaient sur le papier étaient appelées des rétines.

Pour obtenir des rétines, Niepce utilise une solution de chlorure d’argent. Avec cette solution, il enduit une feuille de papier blanc puis il met cette feuille au fond de sa camera obscura et attend que les sels d’argent réagissent. Le gros inconvénient de ce procédé est qu’à l’époque, personne ne savait comment fixer les images au chlorure d’argent.



Avantages du chlorure d’argent :


Inconvénients du chlorure d’argent :

Essais infructueux

Niepce essaya ensuite de trouver un moyen d’utiliser les acides qui gravent plus ou moins une pierre calcaire en fonction de la lumière reçue. Durant cette période, il comprend qu’il n’est pas nécessaire qu’il y ait transformation directe de la matière. C'est le principe de l’image latente.

L’année suivante, Niepce utilise la résine de Gaïac extraite d’un résineux. Cette résine a la particularité de changer de couleur sous l’action de la lumière. Lorsque la résine est insolée, elle perd sa solubilité dans l’alcool, c’est avant tout cela qui l’intéresse. Pour se faire, Niepce étale cette résine sur une plaque puis pour ses premiers tests, il l’utilise en plein soleil. Cette technique fonctionne parfaitement. Par contre, lors de l’utilisation de la chambre noire, les essais sont infructueux. Niepce ne sait pas que cette résine n’est sensible qu’aux ultraviolets et que malheureusement sa lentille bloque les ultraviolets, c’est donc pour cette raison que Niepce abandonne encore une fois des essais.

Le bitume de judée

Le bitume de Judée couplé à l’acide lui a donné de meilleurs résultats. Au départ, Niepce faisait des tirages contacts, c'est-à-dire qu’il plaquait un dessin sur une plaque ou une pierre lithographie enduite de bitume de Judée. Une fois cette plaque enduite et sèche, il expose cette plaque au soleil pendant trois ou quatre heures. Cette plaque une fois exposée ne montre aucune trace d’exposition, c’est une image latente. Pour voir cette image il faut dissoudre le bitume non exposé dans de l’essence de lavande qui est le solvant de base. Une fois l’image apparue, il suffit d’utiliser la technique des eaux fortes très utilisées durant cette époque. Le traitement aux eaux fortes consiste à mettre de l’acide sur la pierre lithographique où le bitume était développé. L’acide ronge plus ou moins la pierre en fonction de l’épaisseur du bitume. Cette technique relève plus de la photogravure que de la photographie. Après ce traitement avec les eaux fortes, la plaque peut servir dans le monde de l’impression pour faire des tirages multiples.

La technique au bitume de Judée est appelée héliographie.

Tout d’abord le bitume se présente sous forme d’une poudre noire. Pour obtenir des plaques au bitume, il suffit de dissoudre cette poudre dans de l’essence de lavande. Cette opération transforme la poudre de bitume en bitume liquide. Ce bitume liquide est alors étalé sur une plaque de verre, d’étain, de cuivre, d’argent ou sur une pierre lithographique. Ce verni étalé est encore assez liquide c’est pour cette raison qu’on le fait sécher à chaud. Le bitume prend une couleur vermeille. « La planche, ainsi préparée, peut être immédiatement soumise aux impressions du fluide lumineux ; mais même, après y avoir été exposée assez de temps pour que l'effet ait eu lieu, rien n'indique qu'il existe réellement ; car l'empreinte reste inaperçue. Il s'agit donc de la dégager, et on n'y parvient qu'à l'aide d'un dissolvant. » Niepce, 5 décembre 1829

Le développement de la plaque se fait dans un bain d’essence de lavande, l’image latente est révélée. Le bitume qui n’a pas été insolé se dissout et laisse apparaître le négatif de la photo, c'est-à-dire les zones très lumineuses apparaissent plus foncées. On a alors une image négative qui résiste plus ou moins au temps. Pour obtenir un positif, il faut soit mettre la plaque dans des dispositions d’éclairages particulières ou utiliser l’inversion à l’iode. Pour inverser une plaque au bitume de Judée, il faut que la plaque utilisée soit une plaque d’argent. En effet, les vapeurs d’iode attaquent l’argent qui n’est pas protégé par le bitume. Une fois tous les endroits attaqués par l’iode, on dissout le reste de bitume polymérisé avec de l’alcool puis on obtient une image positive. C’est ce procédé qui fonctionne le mieux à cette époque.


Avantages du bitume de Judée :


Inconvénients du bitume de judée :

b) Sir Herschel

Sa vie



John Frederik William HERSCHEL est né le 7 mars 1792 en Grande Bretagne à Slough. Son père, William Herschel était un astronome britannique.

En 1809 il entra à l’université de Cambridge et tenta de faire publier son premier article en 1812. Cet article traitait de mathématiques. John Herschel fit toujours des recherches personnelles, sans avoir de poste académique.

Herschel se distingua surtout par ses recherches en astronomie, c’est à lui qu’on doit la découverte de milliers d’étoiles doubles, d’amas stellaires et de nébuleuses. En 1826, il gagna la médaille d’or de la Royal Astronomical Society pour son catalogue d’étoiles doubles. C’est lui qui le premier proposa une carte du ciel austral, c’est aussi lui qui est à l’origine du « General Catalogue of Nebulae and Clusters » qui aujourd’hui est le New General Catalogue document de référence dans l’astronomie.

John Herschel n’a pas seulement brillé par ses découvertes astronomiques mais aussi par ses recherches dans le domaine de la photographie. En 1819, il découvrit l’action du thiosulfate de sodium qui permet de dissoudre les sels d’halogénures d’argent. Cette découverte lui permit d’améliorer son procédé, le cyanotype. En 1839, il inventa un procédé photographique utilisant du papier photosensible.

C’est lui qui le premier utilisa le mot de photographie, c’est aussi lui qui appliqua les mots négatifs et positif à sa nouvelle invention.

Ses découvertes : Le cyanotype

Le cyanotype est un procédé où est mélangé du citrate de fer ammoniacal et du ferricyanure de potassium. Ses deux produits se combinent pour former un sel ferrique photosensible. Ce sel ferrique photosensible devient un sel ferreux et forme avec le ferricyanure de potassium un précipité de ferricyanure ferreux (de couleur bleu) et insoluble à l’eau.

Le cyanotype se prépare sur une feuille de papier encollée avec de la gélatine. Sur ce papier gélatiné, on verse un mélange d’une solution de ferricyanure de potassium et de citrate de fer ammoniacal. On utilise autant de ferricyanure que de citrate. Pour préparer la feuille, il suffit d’enduire le papier gélatiné avec la solution préparée précédemment en évitant les bulles et les « paquets ». Cette feuille n’est sensible qu’aux UV qui sont très présents dans la lumière du soleil mais très peu dans une lumière artificielle, il est donc plus facile de prendre des photos en extérieur qu’en intérieur. Le développement de cette photo se fait simplement avec de l’eau, en effet, les sels ferriques non insolés sont solubles dans l’eau. Il est très important de bien laver l’épreuve au risque de voir les derniers sels ferriques continuer à prendre la lumière et donc que toute l’image disparaisse. Les images obtenues par cette technique sont d’un beau bleu de prusse.


Les avantages du Cyanotype :


Les inconvénients du Cyanotype :

d) Daguerre

Sa vie



Louis Jacques Mandé Daguerre est né le 18 novembre 1787 à Corbeille en Parisis dans le Val d’Oise. Il commença sa carrière en tant que peintre puis il se convertit dans le métier de décorateur où il fut très remarqué et connu de grands succès. Il fut reconnu en 1822 avec l’exposition de dioramas avec son associé Charles Marie Bouton. Le principe des dioramas était de peindre une grande toile en trompe l’œil et de faire des effets de lumière. À l’époque, Daguerre utilisait déjà la camera obscura. Daguerre et Nicéphore Niepce se rencontrèrent grâce à leur opticien en commun, Vincent Chevalier. Les deux hommes prirent d’abord contact au travers de lettres. Dès leur rencontre en 1827, Daguerre impressionna Niepce. Niepce était d’abord réticent à montrer ses travaux. Cependant, en 1829, Les deux hommes signèrent un contrat d’association. Daguerre devait améliorer les travaux de Niepce, en effet, c’est à partir de cette date que Daguerre commence véritablement à réfléchir sur les moyens d’obtenir des photographies alors appelées héliographie. Daguerre utilisait de l’iode sur une plaque de cuivre recouverte d’une couche d’argent. Après la mort de Niepce en 1833, Daguerre continua ses recherches sur les propriétés de l’iode, c’est en 1835 qu’il découvrit que les vapeurs de mercure agissaient comme révélateur de l’image latente. Grâce a ce système, Daguerre réussit à réduire très significativement le temps de pose, passant de plusieurs heures à seulement quelques dizaines de minutes. C’est seulement en 1837 qu’il parvint à fixer les images obtenues avec une solution d’eau saturée en sel et chauffée.

Le 7 janvier 1839 que Daguerre présenta son invention à l’académie des sciences de Paris présidée par François Arago. Mais les détails techniques ne furent révélés qu'au cours du mois d’août lorsque L’état français acheta le brevet à Daguerre mais l’état n’oublia pas de verser une rente aux héritiers de Niepce. L’invention de Daguerre fit le tour du monde pendant une dizaine d’années avant d’être détrônée par d’autres procédés plus simples d’utilisation. C’est durant cette dizaine d’année que Daguerre s’enrichit en vendant son matériel que lui seul commercialisait. Ce procédé était le plus courant au XIXème siècle, en effet ; énormément d’ateliers photographiques ouvrirent leurs portes dans toute la France et jusqu’au Etats-Unis.

Après ces 10 ans de gloire, le daguerréotype fut rapidement détrôné par d’autres procédés tels que le collodion humide, l’ambrotype ou encore les négatifs à l’albumine.

Daguerre fait partie des 72 savants dont le nom est inscrit sur la Tour Eiffel, en effet : Gustave Eiffel écrivit les noms de 72 savants français ayant fait des découvertes exceptionnelles. Les noms sont écrits en lettres d’or au premier étage de la tour. Il y a Lavoisier, Foucault, Coulomb et bien d’autres.

Ses découvertes : Le daguerréotype

Le Daguerréotype est un procédé uniquement positif ne pouvant donner qu’un seul tirage. Pour faire un daguerréotype, il faut utiliser une plaque d’argent ou une plaque de cuivre recouverte d’argent. Pour sensibiliser cette plaque il faut l’exposer à des vapeurs d’iode. Les vapeurs d’iode se combinent avec l’argent pour former de l’iodure d’argent qui est une substance photosensible. Une fois la plaque exposée à la lumière, on ne voit pas de différence notable entre avant l’exposition et après cette dernière, c’est une image latente, c’est pour ça qu’après exposition à la lumière, la plaque est exposée à des vapeurs de mercure qui forment des amalgames aux endroits où la lumière a agi sur l’iodure d’argent. On peut considérer que les vapeurs de mercures sont un révélateur. L’image révélée est encore fragile c’est pour cela que l’image doit être fixée. Ce fixage se fait grâce à la découverte de John Herschel, l’hyposulfite de sodium. Ce procédé, bien que très beau est aussi très fragile, le moindre choc peut endommager l’image. Les acheteurs de daguerréotype achetent leur unique épreuve sous verre pour la protéger.



Les avantages du daguerréotype :


Les inconvénients du daguerréotype :

d) Talbot



Talbot était un scientifique britannique, à la fois mathématicien et physicien et intéressé par la botanique, la philosophie et l’archéologie, qui devint l’un des pionniers de la photographie.

Vers 1933, au cours d’un séjour en Italie, Talbot, impressionné par la beauté des paysages, tenta de les reproduire en s’aidant notamment d’une camera lucida. Mais cette technique le forçait à dessiner, ce qu’il n’appréciait pas. Il chercha alors à obtenir des images durables par un autre moyen et débuta ses expériences photographiques.

Ses premiers éssais

Talbot commença par obtenir des négatifs des silhouettes des objets qu’il posait sur un papier sensibilisé avec une solution de sel de cuisine et de nitrate d’argent avant d’exposer le tout à la lumière et de fixer l’image obtenue avec du sel de potassium.

Il poursuivit ses essais en utilisant une camera obscura, permettant d’obtenir plus qu’une simple silhouette. En 1935, il réalisé le premier négatif sur papier qui ait été conservé.

L'invention du calotype

En 1839, Daguerre révéla l’invention de son daguerréotype. Talbot essaya de faire reconnaître l’antériorité de ses propres recherches sur Daguerre, mais l’invention de son rival, bénéficiant du soutien de l’Etat français, était disponible gratuitement tandis que celle de Talbot était payante. Il perdit son procès.

Durant les années 1839-1841, Talbot améliora son procédé. Il réduisit le temps de pose, et utilisa le principe de l’image latente, procédé selon lequel l’image ne devient visible qu’après développement. Ce procédé permet surtout d’obtenir une image négative, qui peut être reproduite indéfiniment. Son procédé surpassait en cela celui de Daguerre, car chaque Daguerréotype est unique et ne peut pas être reproduit. En 1841, Talbot fit breveter son invention sous le nom de calotype (du grec kalos, beau et typos, impression ), également appelé «talbotype ».

En 1842, Talbot reçut la médaille Rumford de la Royal Society pour ses travaux novateurs dans le domaine de la photographie et publia en 1844 Pencil of Nature, le premier livre illustré avec des photographies jamais édité.

William Henri Fox Talbot n’ayant pas inventé la photographie, son nom n’est que très peu cité comme référence dans le domaine de la photographie ; il n’en apporta pas moins une avancée fondamentale à la photographie : la possibilité de reproduire une image positive à partir d’un négatif. Cependant, le calotype ne rencontra pas le succès mérité car d'une part, il donnait des images de moins bonne qualité que le daguerréotype et d'autre part, il était breveté et soumis à des droits d'utilisation élevés, ce qui fut source de procès et entrava sa diffusion.

Avantages et inconvénients du calotype

Avantages du Caloype

- L’invention du négatif permet de reproduire un cliché à l’infini et d’en conserver une trace.

- Le prix de revient du calotype est nettement inférieur à celui du daguerréotype.

Inconvénients du Calotype

- Les images qu’on obtient avec un calotype sont de moins bonne qualité que celles du daguerréotype : la structure du papier crée quelle que soit la netteté du cliché un certain flou sur les positifs.

- Le calotype n'a pas profité comme le daguerréotype de nombreuses améliorations car il n’a pas pu être amélioré par tout ceux qui le souhaitaient. En effet Fox Talbot avait déposé un brevet pour sa découverte et attaquait systématiquement quiconque utilisait son procédé, ce qui refroidit très certainement de nombreux chercheurs et ne permit pas au calotype de se développer aussi rapidement que le procédé de Daguerre.

Calotype

e) Taupenot, Archer, Sayce, Bolton et les autres

On reprocha au calotype son manque de finesse due à la texture du papier, l’invention de Talbot fut alors substituée par celle du français Claude-Félix Abel Niépce qui inventa un procédé de photographie sur verre à l’albumine. Mais cette technique fut également relayée en raison de la faible sensibilité des plaques qui ne permettait guère de faire des portraits.

Le procédé à l’albumine fut remplacée en 1850, date où le sculpteur britannique et photographe amateur Scott Archer inventa le procédé au collodion humide. Le collodion, une sorte de vernis composé de coton-poudre dissous dans de l'alcool et de l'éther, remplaçait ainsi l'albumine comme liant contenant les éléments photosensibles. La plaque de verre était recouverte de cette substance et, juste au moment de la prise de vue, placée encore humide dans un châssis spécial. Le temps de pose variant de 3 à 12 secondes, le collodion fut largement utilisé par les portraitistes de studio.

Cette technique avait cependant un grand inconvénient. En effet, les prises de vue en extérieur nécessitaient le transport dans une sorte de « brouette photographique » ou d'une voiture-laboratoire possédant le matériel requis pour la préparation des plaques. Car la plaque ne reste sensible que si elle est humide, ce qui laisse peu de temps !

La description que fait Robert Fenton de son travail est éclairante ; voici ce qu’on lit dans son texte « Narrative of a Photographic Trip to the Seat of the War in the Crimea » (communication à la Royal Photograohic Society en janvier 1856) :

En raison de la chaleur, le développement des plaques [au collodion] était des plus difficiles, car le film était souvent presque sec dans le court laps de temps nécessaire pour amener le porte-plaque à la chambre et le ramener, et alors, bien sûr, le liquide de développement, lorsqu’on le versait sur la plaque, ne s’étalait pas sans interruption.

Je n’ai pas besoin de parler de l’épuisement physique que j’ai éprouvé à travailler dans ma voiture durant cette période. Bien que l’extérieur en fût peint de couleur pâle, elle devenait si chaude aux environs de midi qu’elle brûlait la main de qui la touchait. Dès que la porte en était fermée pour démarrer la préparation de la plaque, on commençait à transpirer par chaque pore ; et l’impression de soulagement était grande lorsqu’il était possible d’ouvrir la porte pour respirer l’air, pourtant chaud et hostile, de l’extérieur.

Je ne devrais pas oublier de dire que c’était à ce moment que débutait le fléau des mouches. Avant de préparer une plaque, la première chose à faire était de combattre avec elles pour la possession de la place. Les nécessaires coups de mouchoirs et de serviettes ayant été donnés, et les intruses ayant été expulsées, au moment où la dernière était dehors, la porte devait être rapidement fermée, de crainte d’une nouvelle invasion, et alors il fallait donner quelque temps à la poussière soulevée pour se déposer avant d’enduire la plaque.

En fin de compte, au mois de juin, j’étais forcé de cesser mon travail après dix heures du matin. Sans mentionner la fatigue qu’aurait causée une activité durant les heures chaudes de la journée, il aurait été impossible, en ce qui concerne les portraits, d’en prendre le moindre satisfaisant, passé cette heure, car le ciel était si éblouissant, et le sol si brûlant, que personne n’aurait pu garder les yeux plus qu’entrouverts.

Cela n’empêcha certes pas le photographe américain Mathew B. Brady et son équipe de prendre des milliers de clichés des champs de bataille lors de la guerre de Sécession à l’aide de cette technique.

Puis, en 1855 Taupenot inventa un procédé à l'albumine conjuguée au collodion sec permettant de conserver les plaques sensibles plusieurs semaines avant l'exposition.

Jean-Marie Taupenot Planche XXII : "Cabinet de physique. Salle de l'amphithéâtre"

Les travaux de Taupenot lui valurent l'approbation de l'Académie des sciences, l'attention de l'empereur, et une faveur exceptionnelle : l’autorisation d’exposer ses épreuves dans la salle du palais de l'Industrie réservée aux œuvres les plus remarquables.

Voici ce que nous dit de lui le critique Ernest Lacan :

« M. Taupenot est professeur de chimie au Prytanée impérial de La Flèche. Il s'occupe depuis longtemps de photographie dans les moments de loisir que lui laissent ses études et ses leçons. Habitué aux manipulations chimiques, il s'est attaché à améliorer les procédés par de nombreuses expériences. C'est ainsi que tout récemment il a pu faire connaître une méthode qui a produit une vive sensation parmi les photographes.

[...]. Le verre collodionné, qui donne d'excellents résultats lorsqu'on opère immédiatement après la préparation de la plaque, perd rapidement ses qualités par l'évaporation de l'éther du collodion, ce qui présente de grands inconvénients pour la reproduction des monuments et du paysage. Aussi employait-on généralement en pareil cas le verre albuminé ou le papier ciré. M. Taupenot a eu l'idée de recouvrir le verre collodionné et sensibilisé d'une légère couche d'albumine qu'il traite comme à l'ordinaire. Par ce moyen, il réunit les avantages des deux méthodes. C'est ainsi qu'il a pu obtenir des intérieurs à la représentation desquels il eût fallu renoncer par manque de lumière et par suite de la longueur de la pose.

Les spécimens exposés par M. Taupenot présentent tous quelque difficulté vaincue. La Procession dans le parc du Prytanée, Le Jeu de boules, Le Gymnase, [...] montrent la rapidité de l'opération. Les vues de La Chapelle, de La Bibliothèque et du Laboratoire prouvent que l'on peut réussir dans les plus mauvaises conditions de lumière. »

Enfin, en 1864 B.J. Sayce et W.B.Bolton préparent des plaques sèches au collodion-bromure d'argent, qu'il n'est pas nécessaire de préparer à l'avance et obtiennent des négatifs. Le temps de pose est alors de 2 ou 3 min.




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